Mommy est certainement le film de Dolan le plus abouti et centré, et fait de ce drame tragi-comique son œuvre la plus attirante. Ce qui ne veut pas dire que Dolan n’a plus besoin d’un producteur fort, car son film fait quand même encore 135 minutes.
Mais Steve est sans hésiter son personnage le plus amusant pour le moment: une touche de Jack Nicholson dans One flew over the Cuckoo’s Nest, une touche de la version adolescente du Joker de Heath Ledger, et une touche d’une version enfant du Al Capone joué par Stephen Graham dans Boardwalk Empire. Placez ce gamin lunatique et raciste face à une mère qui ne veut pas en être une, et une étrange voisine qui se sent appelée à veiller sur un taré comme Steve, et vous obtenez un drame intéressant, débordant d’hystérie, de moments fous, d’explosions émotionnelles inattendues. Et le spectateur d’être parfois surpris de voir combien Dolan est parfois très adulte dans son rendu de ces relations complexes. Mais il n’est pas encore un Bergman pour autant. Mommy se compose plus de situations brutes impeccablement interprétées que de scènes vraiment réfléchies portées par une vision originale.
Ce qui explique la déception qui accompagne la conclusion de son film. Dolan laisse la victoire morale au rebelle, mais cette victoire ne représente rien et Steve reste ce qu’il a été durant tout le film: une crapule intraitable.
