Sans faire de la psychologie à deux balles, le fait qu'Omar Sy joue dans cette adaptation très réussie du livre de l'historien Gérard Noiriel Chocolat, clown nègre: l'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française semble couler de source.
Car l'ancien "clown" qui a fait les belles heures du Grand Journal (le duo Omar et Fred) tente lui aussi de changer de registre en s'attaquant, à l'image de Chocolat, à des rôles plus dramatiques. Si le parcours d'Omar Sy est successfull, celui de Rafael Padilla, esclave devenu, avec son comparse blanc Footit, l'attraction la plus célèbre des Folies bergères, est bien plus dramatique. A travers son histoire fascinante, le réalisateur Roschdy Zem aborde la question des stéréotypes d'une société face aux représentants d'une minorité. Il dépeint les rapports symboliques de domination et d'humiliation qui se jouaient lors des représentations du duo et le tabou infranchissable qu'a tenté de briser Chocolat en tentant, seul, de prouver que derrière le "clown nègre" pouvait se cacher un vrai comédien.
Et le réalisateur de laisser entrevoir, par de fines allusions à l'actualité, qu'il reste encore difficile aujourd'hui de changer la place que la société nous a attribué.
Chocolat: clown noir, rire blanc